Un homme de la Flandre française
Né en 1853 à Vieux-Berquin, dans le Nord de la France, Jules Lemire est scolarisé à partir de 1867 à l’institution Saint-François (futur petit séminaire) d'Hazebrouck, le chef-lieu de l'arrondissement de Flandre intérieure. Il est ordonné prêtre en 1878. Il va ensuite enseigner la philosophie et la rhétorique durant quinze ans à Hazebrouck, dans l'établissement qui l'a formé.
Ci-dessus : Assis à droite, bras croisés, Jules Lemire élève à l'institution Saint-François d'Hazebrouck en 1872.
Un prêtre
L'abbé Lemire est avant tout un prêtre, mais un prêtre en rupture avec une partie de sa hiérarchie qui est en relation avec les classes aisées. Son caractère entier et son action sociale en faveur des ouvriers lui vaudront bien des déboires avec son évêque et même avec le pape. Dès 1893, il est contraint de quitter son poste de professeur à Hazebrouck ; l’autorité ecclésiastique entend ainsi marquer son désaccord avec sa candidature à l’élection législative. Il y aura ensuite, pour tenter de le dissuader de briguer de nouveaux mandats, la suspension de ses prérogatives sacerdotales, une sanction dont le pape Benoît XV le relève en 1916.
Un député
Il n'est pas le premier prêtre à devenir député. L'élection de l'abbé Lemire à la Chambre, en 1893, constitue toutefois un événement qui ne passe pas inaperçu. Surtout après l'attentat de l'anarchiste Vaillant, au cours duquel l'abbé est blessé (illustration ci-dessus). Il fait la une des journaux. La popularité est en marche.
L'abbé Lemire sera ensuite réélu contre vents et marées, représentant l'arrondissement d'Hazebrouck à Paris durant trente-cinq ans. Il meurt en 1928, à quelques mois d'un nouveau scrutin. Son œuvre parlementaire, d’une très grande richesse, est essentiellement sociale et familiale. Il est l’initiateur de réformes telles que le repos hebdomadaire dominical, les allocations familiales, la réglementation de la durée du temps de travail, celle du travail de nuit, ou encore la création d’un ministère du Travail.
Un maire
L'abbé Lemire est élu maire d'Hazebrouck en 1914, juste avant le début de la guerre. Il le reste jusqu'à son décès, survenu le 7 mars 1928. Sous son impulsion, la ville va se transformer en profondeur. L'homme est un véritable visionnaire qui a façonné la ville d'Hazebrouck que nous connaissons aujourd'hui. Il lance la construction d’une maternité et d’un nouvel hôpital, il modernise les accès de la ville, il fait percer un passage inférieur pour désengorger un centre-ville coupé en deux par les voies de chemin de fer (ci-dessus, l'abbé Lemire à l'inauguration de ce passage inférieur et de la passerelle piétonnière au-dessus des voies de chemin de fer d'Hazebrouck, le 14 juillet 1924), il crée un jardin public, une bibliothèque, un dispensaire antituberculeux...